Journaliste/Attachée de presse : l’Amour vache ?
Vous vous en doutez, cet article ne tombe pas par hasard. Aujourd’hui, c’est la St Valentin (youhouuu… ! ) Et j’avais envie de saisir la balle au bond afin d’aborder un sujet un peu délicat : la relation journaliste/attachée de presse.
L’un est là pour apporter de l’info et espérer une publication, tandis que l’autre est là pour l’analyser et la traiter. Pourtant, malgré cette apparente complémentarité, ce n’est malheureusement pas toujours l’amour fou entre eux.
Il y a un an, une agence RP britannique nommée 10 Yetis avait réalisé un sondage auprès d’un panel de journalistes (France, Angleterre, USA et Allemagne) pour connaître un peu mieux leurs conditions de travail. Le magazine Stratégies avait publié un article là-dessus, à l’époque.
En France, ce sont les journalistes du Figaro, du Parisien, du 20 Minutes, des Echos.fr, de Metro, du Nouvel Observateur, de Cosmopolitan.fr, de Elle et de Relax News qui avaient été interrogés.
L’étude avait révélé (entre autres!) que les journalistes français subissent différentes sources de pression quotidienne : 43% sont stressés à l’idée de trouver des sujets, 14% à cause de la masse de travail, 23% sont sensibles aux contraintes de bouclage, et … 20% disent subir le «harcèlement» des attachés de presse.
C’est quand même un chiffre assez impressionnant.
Se dire que nous, attachés de presse, sommes un peu la bête noire des journalistes, ça fait réfléchir. De mon côté, j’essaie toujours d’entretenir une relation « intelligente » avec les médias, et de leur apporter des infos de qualité. Ce que tout attaché de presse digne de ce nom devrait faire, non ?
Mais c’est vrai qu’au fond, il y a un vrai problème, qui fait écho à l’étude susmentionnée. Les journalistes sont sur-sollicités, c’est une chose. Mais ils sont aussi souvent dérangés à tort par des RP. Dans mon cercle direct de journalistes, j’ai souvent entendu que certains attachés de presse n’ont pas vraiment compris les règles du jeu : communiqués sans réelle info, mal écrits, non ciblés … et relances téléphoniques et mails abusives. Tout ça multiplié par 500 (au quotidien), tu m’étonnes qu’ils n’en puissent plus !
D’un autre coté, on peut également souligner que les attachés de presse sont eux aussi soumis à une certaine pression… de résultat. Ok, le code déontologique de notre métier interdit pour un RP de s’engager sur des résultats, mais quand même … nous sommes engagés sur des moyens vis-à-vis de nos clients. Et qui dit moyens, dit relances. C’est un incontournable de notre métier. Alors, comment faire pour travailler en bonne intelligence et ne pas se faire blacklister par les journalistes ?
– Sachez leur apporter une info intéressante ET ciblée (c’est-à-dire, dans les grandes rédactions, repérez le bon journaliste)
– Communiquez (et relancez) au bon moment ! Christophe Revil (journaliste chez Télé Grenoble et Chérie FM Grenoble) m’a dit lorsque je l’ai rencontré lors de mon reportage la semaine dernière, qu’il ne supportait pas être relancé 5 minutes avant de passer à l’antenne. Pour lui, c’est typique d’un RP qui ne s’est pas renseigné avant d’appeler !
Bon moment veut aussi dire prendre en compte l’actualité : pratiquez le newsjacking (la technique qui consiste à rebondir sur un fait d’actualité ou un buzz pour le mettre à profit de votre entreprise).
– Ne soyez pas relou (oui, ça arrive parfois …) On a tendance, lorsque l’on n’a pas de réponse de la part du journaliste alors qu’on est sûr que l’info peut vraiment l’intéresser, à envoyer une série de mails ou à multiplier les appels pour le joindre. A un moment donné, je crois qu’il faut savoir abdiquer… Perso, il m’est arrivé (pas plus tard qu’il y a quelques jours) d’avoir une réponse positive d’un journaliste à qui j’avais proposé un angle d’interview d’intéressant. Sauf que depuis, impossible d’avoir de ses nouvelles. Je lui ai renvoyé 3 mails de relances en 15 jours, en vain. Et puis j’ai arrêté. Je me suis dit que lorsque le moment sera venu pour lui, il me recontactera … Parfois frustrant, mais on n’y peut pas grand chose ! (Mea Culpa d’ailleurs si ce fameux journaliste s’est senti harcelé 😉 )
– Last but not least : je vous conseille de bien expliquer à vos clients comment fonctionnent les Relations Presse. C’est important pour éviter de subir une pression qui pourrait entâcher vos relations et votre réputation !
Tout est donc une question de timing, de dosage, de qualité et de transparence ! Si chacun s’y met, on va peut-être arriver à faire un monde meilleur, non ? 🙂
Si vous, attachés de presse et journalistes qui passez par là souhaitez réagir ou compléter cet article, vous êtes les bienvenus ! C’est en échangeant qu’on avance…
Article publié par Mary Grammont le 14 février 2014.
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